Homélie du Père Yannick pour le Dimanche de la Miséricorde

« Les disciples avaient verrouillés les portes car ils avaient peur »…

 

Nous aussi il nous arrive d’avoir peur. Certaines de nos peurs sont sans doute justifiées, d’autres complètements irrationnelles.

 

Mais que le danger soit réel ou imaginaire, on a beau s’enfermer et verrouiller nos portes, rien ni fait !

 

Quand on se laisse dominer par la peur il devient impossible de trouver la Paix.

 

Les disciples avaient verrouillés les portes car ils avaient peur…

 

Si les portes sont verrouillées, leurs esprits le sont bien d’avantage. Et pourtant rien ne saurait empêcher le Ressuscité de les rejoindre et d’être là au milieu d’eux.

 

Si le Christ a traversé les frontières de la mort, il peut traverser toutes les portes, tous les murs visibles et invisibles, pour nous rejoindre quels que soient les « confinements » plus ou moins volontaires dans lesquels nous tiennent enfermées nos peurs.

 

« Il leur montra ses mains et son côté »…

 

En montrant à ses disciples les plaies profondes que la Passion a laissées dans sa chair, Jésus dit aujourd’hui à chacun de nous : « Vois le prix que tu as à mes yeux ! Comment pourrais-tu douter de mon Amour ? »

 

Comment pourrions-nous oublier ce qui nous a été rappelé pendant la Semaine Sainte ? Si Jésus est le Fils de Dieu, pourquoi a-t-il accepté d’avoir les mains et les pieds cloués sur une croix, si ce n’est justement pour nous libérer du pouvoir de la peur !

 

N'ayez pas peur … On site souvent les paroles de Jean Paul II ! Paroles prophétiques qui ont fait tomber des murs et lever des « rideaux de fer », mais on oublie la suite : N'ayez pas peur, ouvrez toutes grandes les portes au Christ !

 

Ouvrir toutes grandes les portes au Christ ce n’est pas d’abord professer une doctrine, ce n’est pas défendre des idées ou exprimer une opinion.

 

Le Christ est une personne et celui qui ouvre au Christ la porte de son existence fait l’expérience de la rencontre d’une personne bien réelle !

 

C’est cette personne bien réelle qui est capable de franchir tous les obstacles pour nous dire aujourd’hui : Cesse d’être incrédule sois croyant !

 

Ces paroles du Christ à Thomas ( dont le nom signifie jumeau ) s’adressent à chacun de nous, parce que nous sommes tous d’une certaine manière son « jumeau » : nous avons du mal à croire !

 

Mais vous allez me dire : « non, nous sommes croyant, nous croyons en Dieu ! »

 

La question n’est pas de « Croire en Dieu », la question est de croire en son Amour ! Son amour pour chacun et pour notre humanité ;

 

Voilà où se situe notre « incrédulité », nous n’arrivons pas à croire que l’on puisse vaincre le Mal par l’Amour !

 

« Si je ne vois pas dans ces mains la marque des clous… si je ne mets pas ma main dans on côté… non je n’y croirais pas… »

 

De ce coté, ouvert sur la Croix par la lance du soldat, d’où a jaillit le sang et l’eau… de ce côté toujours ouvert le Seigneur nous offre sa Miséricorde !

 

La Miséricorde du Christ, c’est toute la Force d’un Pardon qui détruit le Mal par l’Amour !

 

Il n’y a que la Miséricorde du Christ qui puisse donner la Paix au cœur de l’Homme, qui puisse le libérer de tout se qui agite son esprit et trouble son âme.

 

Il n’y a que la Miséricorde du Christ qui puisse le libérer de toutes ses peurs. Et pas seulement la peur du présent et de l’avenir, mais aussi la peur de son passé.

 

Toutes nos peurs sont des manques d’Amour disait St Jean de la Croix

 

Les peurs qui nous enferment et qui nous privent de notre véritable liberté auront toujours leur origine dans un manque d’amour : l’amour qui nous a manqué…l’amour que l’on a manqué…

 

Avance ton doigt et voit mes mains, avance ta main et mets là dans mon côté…

 

Croyons nous que les blessures du Christ soient capable de guérir nos propres blessures, celles que nous avons reçu et celles que nous avons donné ?

 

Certes le Pardon ne peut changer le passé.

 

La Miséricorde Divine ne minimise pas la gravité d’une faute et n’enlève pas la responsabilité de celui qui a fait du mal.

 

Mais si le Pardon ne peut changer le passé, il peut changer l’Avenir !

 

Lorsque St Jean Paul II consacra en l’an 2000 ce 2eme dimanche de Pâques à la Divine Miséricorde il déclarait : « à l'humanité, qui semble parfois perdue et dominée par le pouvoir du mal, de l'égoïsme et de la peur, le Seigneur ressuscité offre en don son amour qui pardonne, qui réconcilie et qui ouvre l'âme à l'espérance. »

 

Que par son intercession, la Miséricorde du Christ, libère notre monde du pouvoir du mal, de l’égoïsme et de la peur et qu’elle ouvre notre âme à l’espérance ! Amen.

Extrait homélie du Père Yannick pour le Dimanche de Pâques

" La seule force capable de vaincre le Mal c’est l’Amour ! C’est tout le sens de la vie et de la mort de Jésus.

 

Si dans sa Passion le Fils de Dieu a accepté de subir tant de cruautés c’est pour que nous ne puissions jamais douter de la compassion de Dieu vis-à-vis de la souffrance humaine. Non Dieu ne nous laisse jamais seul face au mal !

 

C’est ce message dont nous devons témoigner aujourd’hui plus que jamais, non seulement par des paroles mais en agissant vraiment, pour comme lui, combattre le mal par l’Amour.

 

Le "confinement" auquel nous devons obéir sera sans doute encore long, mais il ne saurait servir de prétexte, à un renfermement sur nous même!

 

« Restez chez vous sauvez des vies »… ne peut pas signifier pour un chrétien se replier égoïstement sur son petit monde en oubliant les autres, en oubliant la solitude dans laquelle sont plongés ceux qui dans notre société font partie des plus fragiles et des plus oubliés et particulièrement aujourd’hui les personnes âgées.

 

Le Pape François disait que “la solitude peut être une maladie, mais une maladie que nous pouvons soigner avec la charité et la proximité». Oui si le Christ est mort et ressuscité c’est pour rendre à chaque vie humaine sa valeur et son inestimable dignité, quel que soit son âge, sa condition physique, son état de santé.

 

Nous ne pouvons pas laisser nos anciens dans une solitude qui est en train de les tuer.

 

Les personnes âgées qui vivent dans nos Ehpad ou qui sont seules dans leur maison sont aussi « des vies à sauver », si non qui va gagner La seule force capable de vaincre le mal, quelque soit la forme que revêt le Mal, c’est l’Amour, parce que là où est l’Amour, sera toujours présent et vivant le Christ Ressuscité ! "

Homélie du Père Yannick pour le Jeudi Saint

Alors que nous célébrons ce soir le don de l’Eucharistie, le don que le Christ nous fait de sa présence réelle dans l’Eucharistie, la plus grande partie des chrétiens du monde va être privée de la communion !

 

Pour la première fois sans doute depuis les commencements de l’Eglise des milliers de fidèles ne pourront pas célébrer la fête de Pâques en communiant au Corps du Christ !

 

Beaucoup d’entre vous me font part de leur souffrance. Ils réalisent que s’ils peuvent continuer à se nourrir spirituellement de la Parole de Dieu, ils ressentent vraiment un manque : le manque du Pain de Vie, le manque de cette communion à laquelle ils s’étaient tellement habitués…peut être un peu trop habitués.

 

Et c’est finalement la question que les circonstances actuelles nous invitent tous à se poser : la communion au Christ présent dans l’Eucharistie est-elle devenue pour moi qu’une habitude ?

 

Et nous prêtres, qui désormais célébrons chaque jour la messe dans des églises vides, sans pouvoir y rassembler les fidèles, posons nous aussi la question : la célébration de la messe n’est elle pas pour nous aussi, devenue qu’une habitude ?

 

Ce qui « tue » l’amour c’est l’habitude ! Dans nos relations humaines comme dans notre relation avec Dieu, ce qui tue l’Amour c’est l’habitude !

 

Vous ferez cela en mémoire de moi ! La mémoire fait partie de notre identité.

 

Je pense à ceux d’entre nous qui ont eu la douleur de voir un proche perdre complètement la mémoire, avec la maladie d’Alzheimer. C’est une épreuve tellement douloureuse, d’être avec une personne que l’on aime et qui ne vous reconnait plus.

 

Et bien trop souvent nos communions sont comme cela, comme si nous avions perdu la mémoire. Nous recevons le Christ mais nous ne le reconnaissons plus !

 

Nous nous sommes tellement « habitués », à venir à la messe et à aller communier, que nous ne réalisons plus le don extraordinaire et merveilleux qui nous ait fait de pouvoir recevoir réellement Jésus Christ !

 

Et il en est de même pour nous prêtres, nous qu’il a appelé pour vous donner son Corps et son Sang ! Qui est vraiment aujourd’hui pour nous Celui que nous avons le privilège de tenir dans nos mains ?

 

Au moment d’être livré et d’entrer librement dans sa passion, Jésus réuni ses disciples autour d’un repas. Quel était ce repas ?

 

C’était le repas de la Pâque juive, on y faisait chaque année mémoire d’une libération.

 

Le peuple hébreu esclave en Egypte avait été libéré de la servitude. Dieu et Dieu seul lui avait permis d’être libre et d’exister. « Ce jour là sera pour vous un mémorial, une loi perpétuelle d’âge en âge vous le ferez ! » rappelait la première lecture.

 

Faire mémoire… un homme qui n’a plus de mémoire, un peuple qui n’a plus de mémoire, n’a plus d’identité il finit par ne plus exister.

 

Le repas de la Pâque était un acte de Foi en un Dieu qui libère, un Dieu « libérateur ». Et c’est bien la clef de lecture de ce que nous chrétiens appelons l’Ancien Testament.

 

La Foi doit libérer l’homme de tous ce qui l’emprisonne.

 

Et nous le savons tous, nos prisons n’ont pas toutes des barreaux aux fenêtres. Nos cœurs, nos esprits peuvent être de véritables prisons.

 

Quand on se laisse dominer par la malveillance, la jalousie, le désir de posséder, de dominer, le refus obstiné de pardonner, on est enfermé en nous même.

 

Les chaines ont beau être invisibles, l’esclavage n’en est pas moins réel.

 

L’Egypte dans la Bible n’est pas que le pays des pyramides, mais le symbole de l’esclavage dans lequel nous maintiennent nos complicités plus ou moins conscientes avec le Mal.

 

C’est de cet esclavage, cette servitude, cet enfermement mortel sur nous même que Dieu veut nous libérer !

 

Cet enferment que le vocabulaire biblique appelle le « péché », nous est montré dés le livre de la Genèse, comme ce qui empêche l’homme de regarder Dieu comme un Père et l’autre comme un frère.

 

Et c’est pour cela que Jésus entre ce soir dans sa passion : nous permettre de regarder Dieu comme un Père et l’autre comme un frère !

 

Pour libérer notre humanité de l’esclavage du Mal, Jésus va aller jusqu’au bout, jusqu’à mourir sur une croix après les pires humiliations et dans des souffrances inimaginables.

 

Voilà ce qui nous est offert dans chaque Eucharistie.

 

La messe n’est pas seulement un rite dans lequel nous faisons mémoire des gestes et de paroles de son dernier repas, elle est le « Sacrement de son Amour » !

 

Un amour capable de nous rejoindre aujourd’hui réellement, un amour capable de tout pour vaincre tous les obstacles et se donner à nous dans un petit morceau de pain et quelques gouttes de vin : « Ceci est mon corps… Ceci est mon sang ». 

Homélie du Père Yannick pour le dimanche des Rameaux

Aujourd’hui le Christ entre à Jérusalem... C’est par ces paroles que la liturgie nous a fait entrer dans cette messe des Rameaux et de la Passion.

 

Ce que nous célébrons n’est pas une simple commémoration de ce qui s’est passé il y a 2000 ans et que l’évangile nous a rappelé.

 

Bien entendu ce que nous raconte St Mathieu n’est pas une légende, son récit nous a rapporté avec fidélité les événements qui se sont déroulés à Jérusalem sous l’empereur Tibère. Mais l’évangile doit toujours être lu au présent, si non il serait lettre morte, il ne serait pas une « Parole de Vie », une parole pour notre vie !

 

Le Christ entre à Jérusalem… Jérusalem, est dans la Bible la cité sainte, parce qu’elle abritait le Temple construit par Salomon et qui était considéré par les fils d’Israël comme la demeure de Dieu.

 

Mais quand nous entendons : aujourd’hui « le Christ entre à Jérusalem » : de quelle Jérusalem s’agit-il ?

 

Nous comprenons qu’il ne s’agit pas de la Jérusalem que nous voyons régulièrement aux informations, objet de tant de divisons. Jérusalem, la cité sainte, est une image. Elle est l’image de ce que chaque être humain porte au plus profond de lui : l’image de la cité intérieure que nous portons tous en nous et que les grandes traditions spirituelles appellent « l’âme ».

 

Et c’est dans cette Jérusalem intérieure que le Christ demande à entrer aujourd’hui.

 

Croyons nous vraiment que le Christ peut aujourd’hui nous rejoindre et entrer dans nos vies ? C’est la question qui nous est posée à tous au début de cette Semaine Sainte et c’est le sens de cette messe. Jésus ne vient pas à notre rencontre simplement pour bénir nos rameaux, mais pour nous bénir, c'est-à-dire nous faire du bien !

 

Et c’est d’ailleurs le sens de toute bénédiction. Dieu veut notre bien, il veut nous manifester sa bonté, sa bienveillance.

 

O combien en ces heures si difficiles que nous traversons, nous avons besoin de croire que Dieu ne nous laisse pas seul face à la menace de cette épidémie.

 

Combien nous avons besoin de croire à cette « bénédiction »… à cette bienveillance de Dieu pour notre humanité et pour chacun de nous.

 

C’est pour cela que nous avons écouté le récit de la Passion. L’amour ne se dit pas qu’avec des mots, il se dit surtout avec des actes ! Pour nous faire comprendre à quel point Dieu nous aime, son Fils Jésus a été capable d’aller jusqu’à subir toutes les humiliations, toutes les souffrances, physiques, morales et jusqu’à crier sur la croix : « Mon Dieu pourquoi m’a tu abandonné ».

 

Combien de malades poussent aujourd’hui ce même cri vers le Ciel !

 

Combien de questions en apparence sans réponses !

 

Combien de doutes, de révoltes face à cet apparent silence de Dieu face au Mal

 

Albert Camus écrivait : « je ne peux donner ma foi au Maitre d’un Univers où meurent les enfants… » Et il aurait raison, s’il n’y avait pas la Croix.

 

C’est pourquoi et toute la Foi Chrétienne est là : cet homme couronné d’épines et défiguré par la souffrance en qui nous voulons reconnaitre le « Maitre » devenu serviteur. Le Maitre qui met tout son amour au service de l’Homme, de l’homme qui doute, de l’homme qui souffre, de l’homme qui meurt.

 

Et c’est devant ce Serviteur crucifié que nous osons dire comme le centurion au pied le Croix : « Vraiment cet homme était le Fils de Dieu. »

  

Aujourd’hui le Christ entre à Jérusalem… Puissions-nous aujourd’hui et tout au long de cette Semaine Sainte, permettre au Christ de venir à notre rencontre pour éclairer nos questions, nos angoisses et de nos peurs de la lumière de l’Espérance.

 

Homélie du Père Yannick pour le 5ème dimanche de Carême

Nous avons tous été confrontés à ce sentiment d’incompréhension que provoque la douleur de la mort d’un proche : « Seigneur si tu avais été là… ».

 

Devant la mort de ceux que nous aimons, nous ne pouvons nous empêcher de ressentir au fond de nous comme une révolte : « Seigneur pourquoi n’as-tu pas été là ? Pourquoi as-tu permis cela ? Ne pouvais-tu pas l’empêcher de mourir ? »

 

Quelle va être la réponse de Jésus ? Bien sûr il y a le miracle. C’est le dernier miracle que nous rapporte l’évangile de Jean: Jésus cria d’une voix forte « Lazare viens dehors » et le mort sorti du tombeau, les pieds et les mains attachés, le visage enveloppé d’un suaire !

 

Pourtant ce miracle aussi spectaculaire soit-il, ne résout pas l’angoissante question de la mort ! Certes cette résurrection permet à l’ami de Jésus de revenir à la vie, mais cette vie qu’il retrouve porte en elle les germes d’une mort inhérente à toute vie biologique. Lazare un jour ou l’autre devra à nouveau mourir.

 

Cette résurrection de Lazare n’est qu’un signe qui nous parle d’une autre « Résurrection » qui nous concerne tous et qui est le cœur de la Foi chrétienne : « Moi je suis la Résurrection et la vie. Celui qui croit en moi même s’il meurt vivra : et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? ».

 

Croyons-nous vraiment cela ? Croyons-nous que la mort n’est pas le dernier mot de l’existence humaine ? Croyons nous qu’au delà des apparences visibles et palpables il existe une réalité sur laquelle Jésus a tout pouvoir ?

 

« Oui Seigneur je le crois ; tu es le Fils de Dieu » réponds Marthe. Et lorsque dans un moment elle va voir son frère sortir vivant du tombeau, elle va être confirmée dans sa Foi. Car vous l’avez remarqué, elle n’a pas eu besoin du signe pour croire : « mais je sais que maintenant encore Dieu t’accordera tout ce que tu lui demanderas… »

 

« Crois-tu cela ? » Voilà la question que l’Evangile nous pose aujourd’hui.

 

On ne peut pas avoir la Foi si on ne croit pas qu’il y a une vie après la mort, mais croire en un « au-delà » n’est qu’un point de départ, point commun à toutes les religions. Mais la Foi chrétienne nous invite à aller plus loin : « Moi Je suis la Résurrection est la Vie » !

 

Jésus n’a pas expliqué l’au-delà de la mort en nous faisant la description du paradis. Jésus n’a pas expliqué comment l’âme se sépare du corps, ou le corps de l’esprit.

 

La réponse chrétienne à l’interrogation la plus fondamentale de l’homme, la vie après la mort, n’est pas une doctrine ou une théorie, la réponse c’est Lui, c’est Jésus Christ !

 

Et le Christ nous dit aujourd’hui : enlevez la pierre!

 

La pierre qui fermait hier le tombeau de Lazare, c’est la pierre de notre incrédulité qui ferme aujourd’hui notre esprit et notre cœur et nous tient enfermé dans nos peurs et prisonnier du pouvoir de la mort !

 

Oui nous sommes véritablement liés au linceul de la mort quand nous refusons de choisir le Christ qui est la Résurrection et la Vie et que nous préférons nous attacher à tout ce qui nous nous tire vers la mort !

 

Quels sont ces « liens » qui comme Lazare nous attachent au linceul de la mort ?

 

C’est à chacun de nous répondre. Mais ne sommes nous pas tous, d’une manière ou d’une autre comme « liés » à ce que l’on veut posséder ou que l’on croit posséder et qui est voué à disparaitre ?

 

Face aux mensonges de ce monde qui passe, il n’y a qu’une vérité : le Christ…l’amour du Fils de Dieu capable d’aller jusqu’au bout, jusqu’à mourir sur une croix !

 

Qu’il est bon d’entendre ces mots de l’évangile : Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. Oui Jésus aimait et il ne faisait pas semblant d’aimer, la preuve il a pleuré ! Il a ressenti au plus profond de son être cette douleur d’avoir perdu celui qu’il aimait. L’évangéliste insiste : Jésus fut bouleversé d’une émotion profonde…alors Jésus pleura et les juifs se dirent voyez comme il l’aimait…

 

Il est « la Résurrection et la Vie » et pourtant il pleure ! Il va redonner la vie à Lazare et pourtant il pleure et ce matin encore devant le drame que traverse notre humanité il pleure avec nous... « Crois-tu cela ? ».

Homélie du Père Yannick pour la fête de l'Annonciation

« Car rien n’est impossible à Dieu » Lc 1, 37

 

Sommes-nous capables aujourd’hui de croire encore au miracle ?

 

Sommes-nous capables de croire que « rien n’est impossible à Dieu » ?

 

Ce que nous célébrons aujourd’hui  n’appartient ni au domaine de la logique, ni à celui de la raison, il appartient entièrement au domaine de la Foi !

 

Il est scientifiquement impossible qu’une  jeune fille vierge puisse « concevoir et enfanter un fils » et pourtant toute la Foi chrétienne est là ! Si nous n’acceptons pas de croire que le Fils de Dieu ait pris chair dans le sein de la Vierge Marie alors qui est Jésus pour nous ?

 

Un homme exceptionnel, un guide spirituel, un maître de sagesse…mais si nous ne croyons pas qu’en Lui « Dieu s’est fait chair et qu’il a habité parmi nous », il a beau être l’homme le plus important de l’Histoire du monde, il ne vit aujourd’hui que dans nos mémoires, il n’appartient qu’au passé. 

 

La question que nous pose cette fête de l’Annonciation, met donc notre Foi « au pied du mur » ! Pouvons-nous véritablement admettre que Jésus ait été conçu dans le sein d’une vierge « par l’action du Saint Esprit » ?

 

L’Evangile que nous sommes tous invités à lire et à méditer (Luc 1, 26-38 ) pose sans équivoque, la conception virginale de Jésus comme le préalable de la Foi d’un chrétien . Si nous n’acceptons pas ce préalable, il nous sera impossible d’aller plus loin sur le chemin de la rencontre et de la connaissance de Jésus Christ…il nous sera impossible d’accueillir le Christ comme Seigneur et Sauveur et de croire que face aux périls qui menacent nos vies « rien n’est impossible à Dieu » !

Homélie du Père Yanncik pour le 4ème dimanche du Carême

Tout le monde connaissait cet aveugle-né à qui on faisait l’aumône en sortant du Temple. Et voilà que cet aveugle est miraculeusement guéri !

 

Ce miracle aurait dû susciter l’enthousiasme et l’émerveillement de tous !

 

Mais au lieu de cela, cette guérison surnaturelle provoque une véritable polémique. Pourquoi ?

 

Parce que cette guérison a lieu un jour de sabbat !

 

Pour les pharisiens, une guérison un jour de sabbat ne peut pas venir de Dieu, car celui qui soigne un jour de sabbat désobéit à la loi de Moïse qui interdit ce jour là toute forme de travail !

 

L’homme qui a guéri cet aveugle ne peut pas être un prophète, ce n’est qu’un imposteur qui ne respecte pas la loi de Dieu !

 

 Et au lieu de fêter la guérison de l’aveugle-né, on le jette dehors…

 

Enfermés dans leur manière de penser, aveuglés par ce qu’ils croyaient être la bonne façon de juger, les pharisiens ont été incapables de voir dans cette guérison un miracle, un signe de Dieu !

 

Dans quelques jours c’est ce même aveuglement qui va les conduire à faire arrêter Jésus et à le faire condamner comme un faux prophète, un blasphémateur !

 

« Je suis venu en ce monde pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles.»

 

Si cet Evangile, les pharisiens nous sont montrés comme ceux qui sont devenus aveugles, c’est aussi pour nous mettre en garde : nous courrons tous le risque de l’aveuglement !  

 

Quand nous nous enfermons dans nos préjugés et nos idées toutes faites, surtout quand il s’agit de Dieu ! Le danger sera toujours de porter sur Dieu un regard étroit et légaliste, ce regard qui fit condamner Jésus par les grands prêtres et les pharisiens.

 

Etre aveugle sur Dieu, c’est ne voir en lui que le « juge suprême » qui tient le compte minutieux de nos fautes, pour un jour ou l’autre « nous faire payer l’addition » !

 

D’ailleurs nous nous apercevons que les disciples eux-même n’étaient pas si éloignés que cela de cette vision : « Pourquoi cet homme est-il né aveugle…est-ce lui qui a péché, ou bien ses parents ? ». Vision simpliste mais profondément enracinée dans l’inconscient collectif qui a toujours besoin de trouver un coupable !

 

« Ni lui, ni ses parents » répond Jésus, autrement dit le Mal n’est pas la marque d’une punition vis à vis d’une faute personnelle ou collective. Le Mal reste injustifiable et Dieu le combat sous toutes ces formes. Dieu ne saurait se servir du Mal pour punir l’homme !

 

Si le Mal atteint l’homme c’est toujours contre la volonté de Dieu.

 

Apprendre à regarder Dieu avec le regard de Jésus c’est regarder Dieu comme ce Père à l’amour débordant dont Jésus nous dresse le portrait à chaque page de l’Evangile.

 

Voilà donc de quel aveuglement Jésus est venu nous guérir : l’aveuglement vis-à-vis de Dieu !  Cette fausse vision de Dieu qui conduit au fanatisme religieux, qui légitime la violence, le meurtre, la « guerre sainte »…

  

Mais Jésus est venu aussi nous guérir d’une autre forme d’aveuglement.

 

 « Dieu ne regarde pas comme les hommes, car les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur »  Tel était l’avertissement de Dieu au prophète Samuel au moment où celui-ci devait choisir un roi pour Israël.

 

Et si la première lecture nous a justement rappelé cet avertissement c’est bien pour souligner le message de ce quatrième dimanche de Carême : nous sommes aveugles si nous ne regardons qu’à la manière des hommes.

 

Pour que nos yeux s’ouvrent, il nous faut apprendre à regarder à la manière de Dieu !

 

Il nous faut apprendre à renoncer à ne penser et à ne juger que selon les apparences.

 

Et cela devient très difficile dans une société qui a donné tant de place à l’image, une culture médiatique où la forme prime dangereusement sur le fond.

 

Difficile de prendre de la distance avec ce que l’on voit, ou plutôt « avec ce que l’on nous montre ». Car il est là tout le piège dans lequel peut nous enfermer la civilisation de l’image : oublier que ce que l’on voit à la télévision ou sur internet, c’est ce que l’on nous montre, ou plus exactement ce que l’on veut nous montrer !

 

Or celui qui ne voit qu’à travers le regard des autres est un aveugle qui s’ignore…son regard a besoin d’être libéré !  Le carême nous invite aussi à cette libération !

 

Nous savons tous que notre manière de penser est influencée par ce que nous écoutons, ce que nous lisons et ce que nous regardons.

 

Nous croyons être libres dans nos jugements  mais si nous ne nous laissons pas éclairer par la Lumière du Christ pour conduire notre cœur vers la Vérité, alors nous deviendrons tous des aveugles, prêts à se laisser guider par ceux à qui nous donnons le pouvoir de manipuler nos peurs.