La cathédrale Saint-Étienne

 

d’après l’ouvrage « La Cathédrale Saint Etienne d’Agde »

origines et constructions – A2C éditions

par Michel Adgé et Jean Claude Rivière

 

Campée fièrement en bordure d’Hérault, impressionnante par la couleur noire de ses pierres de basalte, sa tour donjon de 35 mètres, l’épaisseur de ses murs, ses créneaux avec mâchicoulis, et les proportions de son architecture, la cathédrale d’Agde ressemble plus à une forteresse inviolable qu’à une église !

 

 

De 506 à 1790, 72 évêques se succédèrent dans la cathèdre d’Agde, les Actes du Concile d’Agde, en 506, notent pour la première fois, le nom et la présence de Sophronius, évêque d’Agde, alors que ses prédécesseurs légendaires Vénuste et Béticus ne figurent sur aucun document d’époque. Il est certain que pendant treize siècles, l’exercice de leur ministère ne s’exerça pas uniquement dans la cathédrale Saint Etienne mais probablement à Saint André. L’abbé Grasset dans son histoire d’Agde chrétienne note que c’est à compter du  IXème siècle que Saint André perd son rôle épiscopal. Par ailleurs, il n’existe pas de preuve documentée de la présence à Agde d’une église Saint Etienne avant la seconde moitié du IXème siècle.

 

La première cathédrale carolingienne dont il reste peu de vestiges fut édifiée au neuvième siècle en même temps que l’église Sainte Marie de la Cité. Cette église Sainte Marie de la Cité a longtemps posé une énigme aux archéologues agathois (car documentée de 824 au XIVème siècle). Ce n’est que récemment que J.C. Rivière et M. Adgé en ont retrouvé la trace et en donnent tous les détails dans leur ouvrage cité supra.

 

La cathédrale actuelle risque de surprendre le visiteur averti !

- Cette cathédrale romane est l’une des rares qui ne soit pas orientée est-ouest. Ayant pris la place de sa devancière, elle a dû s’intégrer dans le parcellaire de la ville orienté N/O – S/E perpendiculaire aux berges d’Hérault qui, pour traverser Agde, coule N/E – S/O.

- Cette cathédrale romane, au-delà de son transept ne comporte pas d’abside. Les fouilles entreprises par Aris ont bien mis à jour les vestiges de l’abside circulaire de l’église carolingienne du IXème siècle, mais, par respect du parcellaire et de la voie de circulation qui bordait la nouvelle église, cette abside n’a pu trouver sa place dans la construction du XIIème et c’est le transept qui joua le rôle d’abside !

- Cette cathédrale, de par l’homogénéité de sa construction, a longtemps fait croire qu’elle avait été construite en une seule campagne. Il n’en est rien car si les travaux ont débuté au milieu du XIIème siècle et que l’église a rempli sa fonction de cathédrale à la fin de ce siècle, il est probable que le donjon n’ait pas été terminé avant le XIVème siècle.

 

Lors de la visite on pourra remarquer :

- la chapelle Notre Dame de Lourdes sert de « narthex » à la cathédrale, elle fut édifiée à partir des vestiges de l’ancien cloître vendu à un promoteur et démoli en 1856.

En1871, l’archiprêtre Martin recueillit tous les éléments architecturaux encore disponibles et fit édifier cette chapelle, vouée très tôt à Notre Dame de Lourdes. (rappelons que les apparitions n’ont été officiellement reconnues qu’en 1862).

- les chapiteaux de l’arc triomphal, en marbre blanc, insolites dans cette église de basalte sont certainement le seul vestige visible de l’église carolingienne.

Unique dans la cathédrale, le chapiteau historié situé au croisillon sud, de facture archaïsante datable des débuts de l’art roman représente un quadrupède et un oiseau (aigle et lion ?!). Il aurait pu faire pendant à un chapiteau très endommagé, découvert lors des fouilles, qui aurait représenté les deux autres symboles du tétramorphe évangélique.

- le retable, en calcaire de Pernes les Fontaines (comtat Venaissin), les statues de St Etienne et de St Laurent sont en marbre de Carrare, les colonnes et les moulures des niches sont  en marbre rouge de Caunes Minervois. Il était primitivement appuyé contre le mur sud de la cathédrale, et fut transporté à l’emplacement actuel par l’archiprêtre Beauguil à la fin du XIXème siècle.

- l’orgue installé sur une tribune construite fin XIXème, offert par Emmanuel Laurens à la cathédrale, aurait été commandé à Th. Puget pour la salle de musique du Château Laurens (il s’agit certainement d’une légende car cet orgue ne correspond ni au style décoratif, ni à l’aménagement intérieur du salon de musique !)

- les tableaux dont, entre autres chefs d’œuvre, celui du retable copie de la lapidation de St Etienne par Lebrun dont l’original est à N.D. de Paris et la Vierge avec Jésus et Jean Baptiste copie de Raphaël.

 

- les vitraux datent du XIXème siècle, celui représentant les trois martyrs agathois :Florence, Tibère et Modeste est signé du montpelliérain Brunet.